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De nombreux termes coexistent dans la langue et dans les usages pour désigner les personnes dont l'audition est défaillante.
Si certains termes renvoient à des réalités bien distinctes, d'autres semblent équivalents mais véhiculent souvent des connotations liées à l'histoire.
Les personnes concernées revendiquent parfois tel ou tel mot, précisément en fonction de l'implicite qui l'accompagne.
L'expression « déficience auditive » est issue de l'approche médicale. Elle décrit le fait qu'une fonction, l'audition, permise ordinairement par un ensemble de structures anatomiques (oreille externe, oreille moyenne, cochlée, nerf auditif) est défaillante. Ainsi, cette expression met l'accent sur le fait que les personnes concernées sont porteuses d'une déficience par rapport à la norme entendante. C'est le terme retenu par le Bureau International d'Audiophonologie (BIAP).
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le terme « déficience auditive » englobe d'une part les malentendants (porteurs de déficience légère, moyenne ou sévère) et les sourds (porteurs de déficience profonde).
Les personnes n'ayant pas de connaissance particulière sur l'audition et la surdité se représentent souvent les choses de manière binaire : entendre parfaitement ou ne rien entendre. En réalité, l'audition est une fonction qui peut être plus ou moins altérée et il existe différents degrés de surdité (légère, moyenne, sévère, profonde, totale).
Le terme « sourd » est souvent utilisé pour désigner les personnes porteuses de surdité totale ou profonde, voire sévère, congénitale ou apparue dans la petite enfance, quand se construit le langage. Historiquement, quand les appareils auditifs n'existaient pas ou étaient rudimentaires, la langue des signes était généralement la seule langue qui leur soit accessible, si bien que le terme très péjoratif de « sourd-muet », heureusement en voie de disparition, s'est largement répandu dans le langage courant.
Aujourd'hui, les progrès de l'audioprothèse, la technologie des implants cochléaires, et le développement d'accompagnements spécialisés (orthophonie, pédagogie adaptée, etc) permettent un choix plus large aux personnes quant au mode de communication qu'ils souhaitent développer (langue orale, langue des signes, bilinguisme).
Le terme « sourd » peut enfin accompagner un sentiment identitaire, celui d'appartenir à la communauté sourde, la communauté des sourds signants. Le mot « sourd » est parfois écrit avec un S majuscule, ce qui reflète ce choix identitaire.
Le terme « malentendant » souligne que l'audition de la personne concernée, bien qu'incomplète, conserve une certaine fonctionnalité. Le mot « malentendant » convient ainsi à la désignation des personnes présentant des déficiences auditives légères ou moyennes voire sévères, sans préjuger de l'âge d'apparition de la surdité.
Des attitudes « politiquement correctes » de la part de personnes peu averties se traduisent parfois par l'emploi de ce terme pour désigner des personnes dont la surdité est plus importante (sévère, profonde, totale).
Un implicite associé au terme « malentendant » est que les personnes malentendantes, à la différence des sourds, utiliseraient la langue parlée.
Le terme malentendant est parfois associé à une sensation d'entre-deux (ni entendant, ni sourd), comme l'illustre une brochure d'une association belge.
L'Association des Parents d'Enfants Déficients Auditifs Francophones - APEDAF a réalisé une brochure sur le choix des mots : Ni sourds, ni entendants, qui sont les malentendants ?
Le terme « devenu sourd » est mis en avant par les personnes qui, quel que soit le degré de surdité, ont connu une vie d'entendant puis ont perdu l'audition du fait de l'âge, d'une maladie ou d'un accident. Ils ne sont pas concernés par les problématiques liées à l'apprentissage d'une langue et d'un mode de communication, ayant initialement développé la langue parlée, en tant qu'entendants. Leurs questions peuvent donc différer sur certains points. L'implicite associant le mot « sourd » et la langue des signes est probablement à l'origine de ce choix terminologique revendiqué.
L'accent est mis par cette expression sur la situation sociale et administrative des personnes. Au plan social, le handicap souligne une forme de désavantage, et au plan administratif des droits conférés au regard de ce désavantage.
Ainsi, des structures comme les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) emploient couramment ce terme sur leurs sites ou autres publications. C'est également le cas de la DREES dans ses rapports sur le nombre de personnes concernées.
C'est ainsi que sont caractérisés les enfants par l'Education nationale dans les dispositifs d'inclusion scolaire qu'elle met en place (CLIS, ULIS).
Surdi Info n'échappe pas à la réflexion sur la terminologie la plus adéquate. Par respect pour l'ensemble des personnes auxquelles elle s'adresse et pour les choix propres qu'ils font, les termes « sourd », « malentendant », et « devenu sourd » sont retenus, associés ou non selon les contenus proposés.
Les termes « déficience auditive » ou « troubles de l'audition » pourront être employés dans des articles de teneur médicale, en référence aux textes ou articles scientifiques qui les utilisent, et dans le but de ne pas les dénaturer.
Le terme « handicap auditif » n'est utilisé par Surdi Info que lorsqu'il est question de démarches administratives, ou de textes légaux, réglementaires ou institutionnels qui l'emploient.